L'éveil de la montagne

Les Akerlams célébraient toujours la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps avec plus d’entrain que d’autres saisons car pour ce peuple farouche c’était la fin de la rudesse et de l’austérité pour laisser place aux longues chasses au sein de Damnatur et à la naissance des petits.

Une invitation avait été faite aux frères tareldars mais aucun d’eux n’avait été aperçu autour du grand feu de Forsvar. La Damnaturek Tallen Maëlis présenta l’enfant Kald engendré par Juliak à son peuple pour la première fois, maintenant que son fils avait survécut à l’hiver de sa naissance et était devenu un membre à part entière du peuple de Damnatur.

Cette cérémonie du retour à la saison verte fut longuement célébrée dans l’alcool, les chants, les danses et les défis entre Célétlas et Checkchima. Traditionnellement, sous la houlette des artisans et du Chef Ank Montagne, on vidait les réserves de Forsvar pour laisser place aux futures récoltes et au gibier à venir. Les Balnefens, Juliak en tête, firent honneur au banquet tandis que les jeux à boire donnaient à l’Albars Ank Vents Linacle l’audace des grands jours.

Il va de soi que les jeunes générations étaient à l’honneur toute la soirée et toute la nuit pour ceux qui veillèrent si loin, bien que la shaman Maëlis ne fut guère enthousiasmée par la précocité avec laquelle Linacle voulait initier son premier né aux plaisirs des liqueurs et du fromage. Il trouva consolation auprès de la jeune Néria qui se mêlait aux siens avec plus de facilité sans toutefois se départir de son air de sauvageonne.

Kaslet, le doyen des Akerlams, en fut pas en reste et retrouva pour un temps l’énergie de ses vertes années, maintenant qu’il allait pouvoir ramener son troupeau des enclos de Forsvar à ceux du refuge de Minoc. L’acariâtre Aema elle-même salua le départ du gel et du givre des sous-bois, sa hache n’avait que trop dormi et les jeunes Akerlams n’avaient que trop profité du répit hivernal de l’artisane.

La célébration dura jusqu’au petit matin où tout Forsvar ou presque était assoupi là où les farouches humains étaient tombés pour la plupart. Tout comme le printemps, le peuple de Damnatur s’éveillait, impatient de faire fructifier son territoire riche et d’aller au-devant de nouvelles grandes chasses.